Charade, le tant attendu ! Tant redouté et pourtant adulé. Le Nürburgring Français comme ils l’appellent. Il est l’un des sept circuits tricolores ayant pour l’heure accueilli un Grand Prix de Formule 1. Quatre pour être exact. Un tracé de 8 055 mètres sur lequel se sont déroulées batailles anthologiques donnant le triomphe aux plus grands : Jim Clark, Jackie Stewart ou encore Jean Pierre Jabouille. Un âge d’or pour le sport automobile français qui connait une grande évolution en 1989 lorsque le circuit voit son tracé modifié et réduit à 3 975 mètres pour pouvoir répondre aux normes de sécurité, indispensable à la pérennité de ce panthéon de la passion auto.
Nous voici présent, 35 ans après, sur le tracé où se sont affrontés nos idoles. Pour cette édition, 31 voitures se présentent vendredi pour les séances d’essais libres du Trophée des Volcans. Une fois n’est pas coutume cette année, le temps est plus qu’incertain. Qu’importe ! Nos pilotes et leurs grenouilles sont habitués et ce ne sont pas quelques gouttes qui les rendront frileux. Le moral est donc au beau fixe. Les pilotes ont attendu 40 jours pour se déchainer le temps d’un week-end. Le matin de cette première journée est dédié à l’installation des concurrents et c’est l’occasion pour nos pilotes de visiter le circuit. Nous leur laissons le plaisir d’arpenter les grandes montées et descentes de ces montagnes russes pendant que nous allons à la rencontre d’un petit nouveau, Patrice Wadley et sa très étonnante Porsche 914 réalésée et équipée d’un Turbo. Pas une auto inconnue puisqu’elle arpentait les circuits de la Ferdinand Cup avec Yves Le Tilly jusqu’en 2021. On notera le courage de notre gentleman qui disputait pour l’occasion sa première course sur circuit avec une voiture récemment achetée et modifiée. Sur le circuit de Charade, il fallait oser !
Les présentations faites, il est temps de dépoussiérer les pneus ! Un contrôle de nos superbes autos par les commissaires techniques et voici les voitures parties pour les essais de 14h40. Les pilotes reprennent en confiance et les moteurs commencent à raisonner dans les monts auvergnats. On surveille les nuages et les applications météo, le temps est lourd mais semble se maintenir. Alors on profite de la deuxième séance de 17h00 pour repousser un peu les limites ! Les sourires à la sortie des voitures en disent long. Ce rendez-vous offre une unicité grisante que nous espérons perpétuer aussi longtemps que possible.
Les voitures mises à l’abri sous leur tente, une énorme drache semblant s’être retenue juste pour nous laisser rouler, s’abat soudainement sur le circuit. On revit exactement le même évènement que l’année passée. Une chance ! L’épisode passé, une accalmie nous donne le temps de déboucher quelques bouteilles de champagne afin de trinquer à la santé de Christophe Feret qui fête son anniversaire. Merci Sophie et la famille pour ce beau moment.
Il est temps pour tout le monde de regagner ses pénates afin d’être en forme pour le samedi et tout ce qui s’y prépare. Tous ? Non… un irréductible Belge résiste encore et toujours à la moindre panne mécanique ! À la suite d’une explosion de la couronne de démarreur en pleine manche sur la voiture numéro 69 de l’équipe Spaenjers père et fils, notre virtuose de la mécanique Mike Van Dingenen a fait un changement de boîte en express. Une prouesse que l’on n’aurait pas cru réalisable après avoir vu le trou dans la caisse de la petite 2.3L causé par un morceau de couronne projeté dans l’habitacle. Bien joué.
Samedi, 10h10, nous sommes obligés de retenir les pilotes pour ne pas qu’ils s’élancent sur la piste avant le drapeau vert. L’excitation est palpable et chacun sait qu’une bonne place sur la grille de départ est primordiale sur un circuit sinueux et serré comme Charade. Ouverture de la piste et déchainement de cylindres au pied du Puy de Dôme. Christophe Terriou, de retour avec son auto comme neuve et en pleine forme effectue un temps canon à 1.37 secondes de Gillian Garret. L’équipage Yahn Heurlin / Jérôme Haslin se place troisième sur la grille, talonné de près par Cyrille Prevel. En FC2, la bataille va être démentielle. Se place à exactement 100 millièmes devant Fred Ramousse notre moniteur de pilotage Stephan Ehrhardt. L’équipage Moussion suit à seulement 8 petits centièmes ! Des écarts dignes de la Formule 1. Coté FC3, Samuel Serres continue de démontrer sa suprématie en se plaçant devant la concurrence tandis que les pilotes JS Speed Shop, Jérôme Salva et Stéphane Morisset, et Luc Deslaurier / Eric Matter attendent à l’arrière pour saisir la moindre occasion.
C’est l’heure du goûter. Un Mars et ça repart ! 17h00 extinction des feux pour la première manche du week-end. On part pour une heure de course qui va s’avérer éprouvante pour les hommes / femmes et les machines. La piste est humide et des résidus d’huile d’une voiture d’un autre championnat recouvre la piste suite à l’arrachement d’un carter sur un vibreur. Mais nos gladiateurs prennent la piste pour en découdre ! Malheureusement un petit accrochage entre la n°24 et la n°19 dès le premier tour annonce la couleur. Quelques tours plus tard la 968 pilotée par Sophie Feret part en tête à queue sur l’accélération l’envoyant dans le gazon détrempé ne pouvant lui permettre de récupérer la voiture pour éviter le mur. Le même sort est réservé quelques tours plus tard à Fred Ramousse. Résultat, beaucoup de tôle froissée et deux pilotes bien malchanceux. Personnages plus que fidèles à notre championnat, nous les espérons bien entourés pour retrouver les bonnes pièces à temps pour rouler lors de la prochaine course. Mais alors, qu’en est-il du classement ? En FC1, aucune surprise, le classement est celui promis par les qualifications. En FC2 en revanche, tout est chamboulé suite aux conditions particulières et à l’abandon de Ehrhardt dû à un problème moteur. La bonne opération est pour Gilles Boyer, venu par la route avec de vieux pneus mais qui ne s’en voit pas ralenti pour autant. Derrière, Stéphane Duverne s’empare d’une magnifique seconde position signant ainsi son premier podium en Ferdinand Cup. Bravo. L’équipage Christophe Decultot / Dominique Mathon se place en troisième position et marque de précieux points comme à chaque course. Peu de surprise en FC3 également où les pilotes confirment la aussi leur position sur la grille de départ.
Le dimanche, la course ne débute que l’après-midi. Si la matinée est alors réservée à un repos forcé, autant profiter du samedi soir pour faire la fête ! Et à ce jeu là, l’organisateur de la Ferdinand Cup, Stéphane Enout sait y faire en organisant la remise des prix de la saison 2023. Autour d’un repas typique grec, les convives ont pu prendre plaisir à féliciter les grands vainqueurs entre joie, humour, sourire, larmes et embrassades amicales. Des moments que l’on peut difficilement décrire tellement ils sont plaisants à vivre et que nous vous invitons justement à partager à nos côtés ! Attention tout de même aux petits gâteaux à la pistache pour pas trop alourdir la voiture le dimanche.
En effet, la course 2 n’offrira aucun cadeau à nos engagés restants sur la piste. Repoussée à plusieurs reprises à cause du brouillard, il n’y a pas de doute sur le fait que ce sera en pneu pluie que se déroulera cette manche. Les pilotes s’élancent une nouvelles fois pour une heure de course. La pluie ne cesse de tomber mais qu’à cela ne tienne, la maitrise est là et la bataille fait plus que rage. Christophe Terriou s’offre un doublé et marque de précieux points pour le championnat. Gillian Garret, régulier, suit et garde sa deuxième position. Derrière, très beau podium de la part de l’équipage Yahn Heurlin / Jérôme Haslin, leur premier en FC, à bord de leur diabolique 993. En FC2, l’histoire nous offre encore un coup de théâtre ! À la suite de la perte de la direction assistée, le duel entre Benjamin Moussion et une meuleuse se solde par plusieurs points de suture au doigt pour notre ami. Sa compagne Maeva est contrainte de prendre le volant seule, sans DA, sous la pluie glaçante. Un défi donc, qu’elle terrasse haut la main en s’emparant de la victoire, bataillant même aux avants postes avec des FC1 ! Elle devient ainsi la première femme à remporter une manche de la Ferdinand Cup ! Chapeau bas. Bon rétablissement à Benjamin qui a fort à s’entrainer pour rester au niveau de sa coéquipière pour la suite. Le podium est complété par Stéphane Duverne qui reproduit la belle opération de la première manche et l’équipage Christophe Decultot / Dominique Mathon, efficaces en toutes circonstances. En FC3, Serres et l’équipage JS Speed Shop continuent de monopoliser les deux premières marches pendant que Bastien Mathieu s’empare audacieusement de la troisième place au détriment de l’équipage Luc Deslaurier / Eric Matter !
Un week-end haut en couleur et lourd de rebondissements sur un circuit qui ne nous en promettait pas moins.
Une légende parmi les légendes, l’un des circuits les plus fous arpenté par les voitures les plus performantes de l’histoire du sport automobile. Cet endroit est un morceau de paradis, enclavé au pied de Puy de Dôme, qui a su traverser les générations et qui aujourd’hui encore, ne cesse de se réinventer afin de transmettre la passion aux curieux de tous horizons. Un monarque qui sait s’adapter au monde en perpétuel changement dans lequel il se trouve. On espère Guerlain Chicherit et son équipe être soutenus par l’opinion publique pour pouvoir faire vivre cet endroit et enclins à nous faire profiter encore de longue années de ce panthéon de l’automobile.
Les résultats complets sont à retrouver ICI
Article écrit par Nico Ferdier