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Essai : 964 RSisée

« Ouais…, mais elle n’est pas matching number… Et ce n’est pas une vraie… ». Il est assez drôle d’entendre cela la première fois qu’on dit que ce n’est effectivement pas une vraie, aussi parfaite puisse être l’illusion. Mais justement, n’est-ce pas là, la meilleure version d’une 964 ? Une carrera 2 somme toute « modeste » avec un 3.6L plein d’énergie refait à neuf, tous les organes d’une RS, un arceau parce que… pourquoi pas ? Et deux Recaro Pole Position Classique aux motifs sublimes, sans oublier le petit rappel en guise de point milieu du volant tout de cuir vêtu comme le tableau de bord et la console centrale. Vous venez de créer la recette du bonheur ! Ajoutez quelques caches moteurs en carbone pour satisfaire les plus réticents et vous n’avez plus qu’à savourer chaque démarrage sourd et métallique de ce Flat 6 de plus de 290 chevaux qui ne se complaît qu’au-delà des 5000 tours/min. 290 chevaux ? Oui, grâce au débitmètre à fil chaud et la reprogrammation du calculateur bien connu des pistards.

Achetée en période de confinement dans la région de Reims, cette Carrera attendait patiemment son sauveur dans le garage de Club Sport Racing des suites d’une casse moteur. Il a suffi d’une petite annonce sur Mikado Racing pour attirer l’attention de notre propriétaire. Notre rescapée à eu le droit à une réfection complète du moteur. Piston, allumage, segment… Tout y passe afin d’en sortir son plein potentiel. De retour dans sa nouvelle maison, toute les moquettes sont changées au profit, là aussi de celles présentes sur une RS. Les freins et le pédalier sont complétement réfectionnés et un levier de vitesse à empattement court est installé, offrant ainsi au pilote un touché sensible et précis, indispensable pour les sorties sur circuit. Après un rodage et une vérification poussée de tous les éléments neufs chez CSR, notre destrier était enfin prêt pour arpenter les pistes de France et de Navarre. Une pistarde qui finit donc dans nos mains pour un essai complet le temps d’un week-end.

Et quoi de mieux qu’une balade touristique de 700km dans les Vosges avec la bande de joyeux lurons du LBA Social Club pour apprivoiser et faire raisonner cette cathédrale roulante ?

Notre essai débute au bord des lacs de Gérardmer. Le soleil est au rendez-vous le temps d’un petit nettoyage et d’un détour par la station-service pour la belle. Un moment paisible, qui permet de roder comme il se doit les disques et plaquettes avant, hérités d’une 964 Turbo, fraichement montés pour l’occasion. Il faut se familiariser avec l’embrayage renforcé qui demande une certaine dextérité à froid. Mais une fois que notre enfant de Stuttgart a toutes les aiguilles dans le vert, il est grisant de voir à quel point elle est facile d’utilisation. Facile certes, mais sans nous faire oublier à chaque seconde que derrière, toute une cavalerie n’attend que le moment où l’on va mettre quelques Newton de trop sur la pédale pour nous enfoncer au fin fond des Recaro ! Et il faut avoir les mains bien accrochéese.

Le tout rodé, des classiques des 80’s dans les enceintes grésillantes couvert par un grondement permanent. On est plongé dans nos souvenirs de vacances d’été de notre enfance où l’on humait les vapeurs d’essences imbrulées de l’ancienne petite sportive familiale, la main par la fenêtre à jouer avec le vent, tout en regardant les rayons de soleil à travers les arbres d’une douce fin de journée. Un sentiment de nostalgie nous envahit et nous emplit de bonheur à chaque instant. Finalement, c’est ce qui rend les Porsche aussi parfaites, ce ne sont pas seulement des véhicules aux performances exceptionnelles et à l’équilibre déroutant… Ce sont des transmetteurs d’émotions.

Mais on n’est pas là pour faire du tourisme ! Du moins, nous avons bien l’intention d’exploiter le plein potentiel de cette demoiselle. Un détour par le Château du Haut-Koenigsbourg pour profiter du paysage et nous voilà dans les enchainements de la route des vins à faire rugir ce Flat. On arpente les routes Vosgiennes la fenêtre, laissée électrique par choix, ouverte en s’envolant de virage en virage tout en discutant avec son ou sa copilote. Un talon pointe, un retour de flamme du 3.6l un peu riche et on ne peut se retenir d’esquisser un sourire enfantin. On a le temps de profiter de la vie sans s’inquiéter de faire le plein avec le réservoir de 77 litres. On prend de la hauteur encore et encore jusqu’à la pointe du Hohneck et on profite d’un paysage époustouflant sublimé par notre compagne de route au premier plan. Il est temps de retourner à notre point de chute et de profiter d’une bière que l’on consomme sur le parking et avec modération tout en admirant un miracle de la nature, je parle ici d’une aurore boréale totalement imprévue. Le temps d’une nuit paisible et on reprend la route dans notre impatient destrier.

La voiture ne cesse d’impressionner. Le train avant est aussi précis que le scalpel d’un chirurgien cardiaque grâce à ses suspensions d’origine de RS. Le train arrière ? Traitre à cause du moteur en porte-à-faux ? Que nenni ! Tout s’enroule comme la robe d’une danseuse de Flamenco. Et d’un claquement de pied il s’assoie pour nous catapulter vers le prochain enchainement. Aucune sensation de lourdeur ne peut se faire sentir. La voiture ayant toutes les vitres allégées, un capot en alu et ainsi qu’une suppression des places arrière. La remontée d’information est parfaite grâce à sa position de conduite de pistarde. En plus d’avoir tous les organes d’une RS, la voiture est équipée d’une direction assistée qui s’avère extrêmement utile lors des grandes balades. On peut aisément arpenter toutes les routes de la région à des vitesses inavouables pendant des heures et des heures.

Et si cela ne vous suffit pas, le sourire et l’ébahissement de la jeune génération au bord de la route qui regarde cette voiture avec des étoiles plein les yeux suffira à vous conquérir. Un petit coup de gaz suffira à faire d’eux de vrais petits passionnés qui oublieront vite la lubie électrique. Mais ne vous laissez pas trop embarquer dans ce monde idyllique car 700km passent très rapidement et il est déjà dimanche ! Il faut remettre la belle dans son garage au chaud.

Alors oui, ce n’est pas une RS comme l’indique le badge discrètement installé sur le capot arrière. Mais le soin apporté à ces modifications et la qualité des pièces installées fait de cette 964 une auto offrant toutes les qualités que l’on souhaiterait avoir de n’importe quelle bagnole passion. Après quelques jours à son bord, on se demande si, finalement, ce n’est pas là une version plus intéressante que celle proposées en usine ?

 

Article écrit avec passion par : Nico FERDIER

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